lundi 23 février 2009

Nouvelle Orléans, Louisiane, USA

Histoire
Période coloniale

Le vieux carré, ou quartier français. La cathédrale Saint-Louis vue du Jackson squareLa ville fut fondée par les Français sous la direction de Jean-Baptiste Le Moyne, Sieur de Bienville, en 1718. Le nom de la ville fut choisi en l'honneur du régent, Philippe, duc d'Orléans. Au départ simple comptoir de la Compagnie du Mississippi, elle devint la capitale de Louisiane française en 1722 (La capitale fut transférée de Biloxi à La Nouvelle-Orléans).
Au début du XVIIIe siècle, les Français avaient retenu deux autres sites portuaires : sur Mobile, en bordure de la rivière Mobile, relocalisée plus bas près de la mer, mais toujours près de la même rivière. Le site retenu est celui d'un méandre du Mississippi, d'où la forme en croissant de la ville : elle fut surnommée Crescent City, la ville en forme de croissant. Le site est en effet plus favorable de Mobile : il fallait être proche de la mer source de ravitaillement essentielle pour une colonie qui ne peut se suffire à elle-même et qui doit compter sur le vaisseau du roi ou encore sur le secours des Espagnols du port de Veracruz. En même temps, il faut se protéger contre les attaques des corsaires. Des fortifications devaient l'entourer dès le début, mais elles ne furent jamais réalisées. Ce n'est qu'en 1760 qu'une palissade en bois fut construite en urgence. Le Mississippi permettait enfin de faciliter les échanges avec les populations indiennes de l'intérieur et d'assurer un débouché pour les ressources naturelles.
Les plans de La Nouvelle-Orléans furent dessinés par Adrien de Pauger et Le Blond de la Tour sur le modèle traditionnel des villes nouvelles, c'est-à-dire un damier symétrique, dont la taille maximale devait être de 88 hectares divisés en 66 ilôts, avec une place où se trouvaient l’église (la future cathédrale Saint-Louis), la maison du gouverneur et des casernes. Sur les quais furent aménagés des magasins, un hôpital et le couvent des Ursulines. C'est notamment Adrien de Pauger qui dessina les plans du Vieux Carré avec ses rues à angle droit. La construction s'avéra très difficile à cause des bois touffus qui occupaient le site et du climat : l'ouragan de 1722 causa d'énormes dommages. Le manque de main d'œuvre, les épidémies et les moustiques ralentirent également les travaux. La creusement du chenal démarra en 1723. La digue le long du Mississippi fut achevée en 1724.
Jackson Square (l'ancienne Place d'Armes), à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, États-UnisLe fait que la Louisiane fût dépourvue de structures sociales, politiques et religieuses rigides donnait à tous le sentiment d'une liberté accrue. Selon les registres paroissiaux de l'époque, la moitié des catholiques de La Nouvelle-Orléans ne faisaient pas leurs pâques et n'entraient que rarement dans l'église Saint-Louis. La fréquentation des Indiens aux mœurs plus libres, notamment en matière sexuelle, a dû contribuer à l'évolution des mentalités. En quelques années, arrivèrent de France plus de 1 300 femmes, dont 160 prostituées. Les cas de bigamie n'étaient pas rares et beaucoup de Français prenaient de jeunes Indiennes comme maîtresses. Bref, la ville de La Nouvelle-Orléans abritait une communauté cosmopolite, multiraciale et même, par certains aspects, interlope.
En 1733, lorsque Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville redevint gouverneur de la Louisiane, La Nouvelle-Orléans avait déjà la réputation d'une ville libre et joyeuse, avec ses fêtes, ses bonnes tables et ses danses. Durant toute cette période, le français de France demeura la langue officielle de la colonie : c'était la seule langue des blancs, mais les noirs parlaient le créole (à base de français) et les indiens, leurs langues ancestrales.
La Nouvelle-Orléans devint la capitale économique de la Louisiane : elle exportait des peaux venues de l'intérieur et des produits des plantations (indigo, tabac…).
En 1762 la colonie fut cédée à l'Empire espagnol par un accord secret : le traité de Fontainebleau, qui fut confirmé par le traité de Paris, mais aucun gouverneur espagnol (Antonio de Ulloa) ne vint pour prendre le contrôle de la ville avant 1766. De même, peu d'hispanophones vinrent s'installer dans la capitale louisianaise. Certains des premiers colons français ne furent jamais satisfaits du régime espagnol, et firent de multiples pétitions pour retourner sous celui de la France. Le 28 octobre 1768, un groupe de colons créoles tenta de chasser les Espagnols de la ville, suite à l'établissement de l'exclusif. La reprise en main se fit par une troupe envoyée en juillet 1769 : les meneurs furent arrêtés et neuf d'entre eux furent condamnés à mort[4]. Un conseil municipal fut instauré pour satisfaire les revendications locales.
Un incendie détruisit 856 immeubles le 21 mars 1788 et un autre 212 en décembre 1794. En conséquence, un règlement d'urbanisme imposa la brique en remplacement du bois pour les maisons à étage, et les tuiles pour les couvertures.
En 1795, l'Espagne autorisa les États-Unis à utiliser le port. La ville revint sous le contrôle français en 1800 mais en 1803 Napoléon Bonaparte vendit la Louisiane (qui comprenait un territoire beaucoup plus vaste) aux États-Unis pour 80 millions de francs. À cette époque, la ville comptait environ 8 000 habitants.
La population souffrit d'épidémies de fièvre jaune, malaria et variole, éradiquées après 1905.
La Nouvelle-Orléans, Louisiane
L'arrivée de 10 000 créoles haïtiens après le rachat américain de 1803 La Louisiane devenue l'un des États-Unis en 1803 voit arriver en 1806 plus de 10 000 créoles, des riches planteurs de sucre d'Haïti, selon Carl A. Brasseaux, historien et directeur du centre d'études louisiannaises de Lafayette.
La population de la ville fait plus que doubler avec l’arrivée de ces créoles qui quittaient Haïti après la révolution de Toussaint Louverture en 1802 et qui vont ensuite planter du coton dans les quatre états du sud des Etats-Unis qui représenteront 80% de la culture du coton en 1860 (Louisiane, Alabama, Mississippi et Georgie). Pendant la guerre de 1812 les Britanniques envoyèrent une force pour essayer de conquérir la ville mais ils furent vaincus par les troupes commandées par André Jackson à quelques kilomètres en aval à Chalmette le 8 janvier 1815 (bataille de la Nouvelle-Orléans). La population de la ville doubla dans les années 1830. Vers 1840, elle atteint même 100 000 habitants, ce qui en fit la quatrième ville des États-Unis. Mais la première en importance dans le centre des terres. Selon Carl A. Brasseaux, près de 50 000 français ont pénétré dans les États-Unis par la Nouvelle-Orléans entre 1820 et 1860, tandis que l'autre port, Bâton-Rouge, assure le transport des esclaves venus de la Côte Est et qu'il faut désormais ménager car la traite a été interdite aussi en 1806.
La ville fut la capitale de l’État de Louisiane jusqu’en 1849, puis de 1865 à 1880. À cette date, Baton Rouge prit le relais. Son port eut un rôle majeur dans la traite des esclaves, alors qu'elle avait la plus grande communauté d'origine servile.
L'histoire de Delphine LaLaurie et la façon honteuse dont elle tortura ses esclaves est probablement le plus connu des contes macabres du quartier français (Vieux Carré). Madame LaLaurie, mondaine respectée, accueillait nombre de grands événements dans son opulent domicile, 1140 rue Royale. Son train de vie somptueux était servi par un grand nombre d'esclaves. Cependant, le mauvais traitement des esclaves étant illégal, la société commença à éviter LaLaurie après qu'un voisin eut surpris cette femme élégante en train de chasser une fille d'esclave avec un fouet. La fille sauta du toit dans un effort désespéré pour fuir LaLaurie et se tua. Le voisin avertit les autorités. Ce fut la fin de la carrière sociale de LaLaurie. Elle fut rejetée par la bonne société.
Au début de la guerre de Sécession, la Nouvelle-Orléans fut prise par l’Union (les Nordistes) sans combat, et fut donc épargnée des destructions que subirent la plupart des villes du Sud. Il reste un cachet historique avec la richesse du XIXe siècle au-delà du Vieux Carré ou carré français. La ville accueillit l’Exposition Universelle dite du centenaire du coton.
La ville gagna une réputation de débauche et de tripot à la fin du XIXe siècle et début du XXe notamment avec le quartier interlope de Storyville.
XXe siècle
Le bayou aux abords de la villeUne grande partie de la ville est située sous le niveau de la mer et est bordée par le fleuve Mississippi et le lac Pontchartrain, aussi la cité est-elle entourée de digues. Jusqu’au début du XXe siècle, les constructions étaient largement limitées à la partie légèrement surélevée sur les digues naturelles et les bayous car le reste de la région était constitué de marécages soumis à de fréquentes crues. Ce qui donna à la ville, au XIXe siècle, la forme d’un croissant. Dans les années 1910, l’ingénieur A. Baldwin Wood proposa un plan ambitieux de drainage avec des pompes de sa conception qui sont toujours utilisées.
Dans les années 1920, dans un effort de modernisation de l’aspect de la ville, beaucoup de rambardes des balcons de la rue du Canal, la rue commerçante, furent retirées. Dans les années 1960, les streetcars furent remplacées par des autobus. Ces décisions furent ensuite considérées comme des erreurs et désormais la rue est revenue à son aspect initial, ce qui plait aux touristes en quête de dépaysement.

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